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Le Blog de Henri Gossé
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18 décembre 2007

Du tribalisme au tribalisme

Analyse du discours de Konan Kouadio Bertin

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Une réplique à la sortie malencontreuse du 24 novembre dernier du président du Conseil général de Dimbokro. Tel était le sens du meeting organisé par la jeunesse du parti démocratique de Côte d’Ivoire le samedi 15 décembre dernier à Dimbokro. Au cours de ce meeting, Monsieur KKB, président de la jeunesse du PDCI a cru devoir faire son combat contre le FPI. Au délà des critiques que l´opposition doit faire pour avancer le débat politique, il m´est venu à l´idée de refléchir sur le choix des mots de nos politiques. Je me suis mis à penser pourquoi les politiques partout dans le monde n´ont pas le même langage, le même repère linguistique. En Suède, où j´habite les socio-démocrates qui sont dans l´opposition utilisent un registre linguistique totalement différent de celui utilisé par l´opposition en France par exemple. En Afrique, le registre est tout autre. S´il n´est pas macabre, il n´est pas loin de la main satanique. Attelons-nous au discours de KKB, car tout discours (qu´il soit manisfeste ou intérieur) véhicule un univers de croyances. Avant d´analyser ce que font les personnages, il faut donc étudier ce qu´ils disent ou formulent silencieusement. C´est d´abord en tant qu´il témoigne d´une vision individuelle qu´un discours exprime des valeurs. Toute prise de parole révèle un certain nombre de choix qui renvoient à une hiérarchie. Selon Catherine Kerbrat-Orecchioni, la subjectivité d´un discours se reconnait à l´ensemble des procédés « par lesquels le locuteur imprime sa marque à l´énoncé, s´inscrit dans le message et se situe par rapportá lui. » (C.Kerbrat-Orecchioni : L´énonciation : De la subjectivité dans le langage, p 32). Pour une meilleure analyse, il aurait fallu étudier ce discours aux niveaux sémantiques, syntaxiques et pragmatiques. Mon objectif, dans cet article n´est pas d´écrire un mémoire , mais de juste montrer le registre linguistique utilisé en Cote d´Ivoire. C´est pourquoi, je m´arrêterai  sur l´analyse sémantique ; et sur la sélection et la combination comme approches dans un style terre à terre. La sélection et la combination sont, on le sait, les deux opérations fondamentales de tout acte de parole. Le locuteur sélectionne une série de termes dans le réservoir da la langue et les combine ensuite d´une certaine manière pour contruire un énoncé. ( Poétique des valeurs – V. Jouve).

Pour étudier un discours ou un texte, il ne faut jamais omettre le titre. Dans notre cas, lisons : « Giga meeting de la JPDCI à Dimbokro - KKB à N’Zi Paul David : “Le FPI est un cadavre proche de la tombe » (Le Patriote). Notons ici, le choix des mots ; cadavre et tombe. Tous les deux se réfèrent à la mort. On veut, non pas mettre son adversaire hors d´état de nuire, mais on veut l´abattre, le tuer. Les politiciens en Afrique en général , et en Cote d´Ivoire singulièrement, ne se voient pas comme des adversaires qui participent au développement de nos jeunes démocraties mais comme des ennemis qu´il faut abattre, qu´il faut anéantir. Peut-être, vous est-il arrivé un jour de vous poser la question de savoir pourquoi c´est en Afrique qu´on se tue le plus souvent pour la politique. Vous avez là, une raison : Le choix des mots. Nous sommes foncièrement méchants quand nous faisons la politique en Afrique.

Continuons l´étude des titres et lisons : KKB, président national de la JPDCI: "Gbagbo n`a jamais eu de respect pour les Baoulé dans ce pays" (Le Nouveau Reveil). KKB représente, selon lui, les Baoulé. C´est même, une erreur de le dire puisqu ´il est Baoulé. « Touche pas à mon Baoulé » pourrait-on entendre de lui. Si nous pouvons lui concéder ce combat, il faut tout de même que nous fassions attention pour ne pas tomber dans le tribalisme primaire. KKB n´est pas le garant des Baoulé. Le garant des Ivoiriens et de l´intégralité du territoire, c´est bien le chef de l´Etat de Cote d´Ivoire. Nos états sont jeunes ; nos populations sont toujours à l´état des tribus. Par exemple, on votera pour Gbagbo parce qu´il est Bété comme moi, Ou Bédié parce qu´il est Baoulé. Il faut donc se garder de consolider ce sentiment tribaliste au profit du sentiment national.

Si KKB appelle au respect des Baoulé, pourquoi ne veut-il pas donner ce même respect aux autres peuples surtout aux Bété  au lieu de tomber dans la provocation et les injures inutiles.

Lisons-le « L`argent de Gbagbo c`est quoi? Un petit professeur historien sans domicile avant-hier, qui aujourd`hui, vient distribuer l`argent et vous avez le sentiment qu`il est arrivé. Mais mes chers parents, je vais vous dire une chose. On a dit qu`il y a des peuples qui sont justes bons pour danser et chanter. Mais est-ce que Gbagbo a démontré le contraire depuis qu`il est là ?" Enchaînant suite au "non " collectif des militants, KKB dira que "peut-être un jour, les Blé Goudé, Zadi Kessy, Djédjé Mady, Guikahué, Séry Bailly vont démontrer le contraire mais pour l`instant la vérité c`est que Gbagbo ne nous a pas apporté la paix. Pourquoi vouloir humilier d´autres peuples si KKB exige le respect pour sa tribu ?  A l´évidence, les tribalistes en Côte d´Ivoire, ce ne sont pas les Baoulé, ni les bété, ni les Dioula, mais bel et bien le PDCI. Un parti truffé de tribalistes. Il n´est pas donc étonnant que ce parti ait été à l´origine de l´Ivoirieté ; un concept qui aurait été bon s´il n´avait pas eu cette teinture xénophobe et tribaliste.

Aujourd´hui, la lecon que croit nous donner autre PDCI :iste Venance Konan me fait sourire. Voici un homme qui a mangé dans la cour des grands quand un membre de son ethnie Bédié était au pouvoir. La grande partie des postes administratifs était tenue par les gens de son ethnie. Et Venance Konan, en grand justicier devant Dieu qu´il se croit n´a rien eu à redire. Aujourd´hui, il nous sert un article tiré de sa tête de tribaliste, artícle dans lequel il dénigre Bouhoun Bouabré et fait la promotion d´un des siens, Ahoua N´doli, membre du PDCI.

Si Bouhoun Bouabré n´est pas bon pour ce poste de gouverneur de la BCEAO, pourquoi N´doli le serait-il ? N y a t-il pas d´autres Ivoiriens plus compétents que N´doli ? Sûrement pas, parce que suelement ce compétent doit sortir de la bésace tribale de ce chef corrompu et tribaliste qu´est Venance.

Je suis tout à fait d´accord avec le journaliste Ivoiro.camerounais Théophile Kouamouo quand il écrit ceci : « Venance Konan n'hésite pas à faire dans la caricature aveugle, voire le révisionnisme. "Notre chef l'a dit, lors de sa dernière entrevue télévisée avec les journalistes. Il a choisi Bohoun Bouabré parce qu'il est proche de lui. Les autres sont certes Ivoiriens mais ils ont le défaut de ne pas être proches du chef de l'Etat.

Et quiconque n'est pas proche du grand chef n'a pas le droit de servir la Côte d'Ivoire au plus niveau à l'extérieur", écrit Venance Konan. N'est-ce pas ce même grand chef qui a mené campagne pour qu'Amara Essy, ancien chef de la diplomatie ivoirienne et membre éminent du PDCI, soit président de la Commission de l'Union africaine ? L'Histoire est têtue : Laurent Gbagbo est le chef d'Etat ivoirien qui a le plus partagé le pouvoir et valorisé des cadres non issus de sa famille politique. Son oecuménisme politique est rare en Afrique, et il suffit d'observer les moeurs de nombreux chefs d'Etat du continent pour le démontrer scientifiquement. ».

Ils sont nombreux ces cadres d´autres formations politiques qui sont à la tête de nos entreprises ou institutions de la République.Que ce petit Venance arrête de faire jouer ce qu´il n´est pas ; c´est-à-dire un justicier. Les lecons peuvent venir d´ailleurs, mais pas de lui. Don´t act !

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